Agriculture : Lutte raisonnée, mode d'emploi ?
Agriculture : Lutte raisonnée , mode d'emploi ?
C'est très simple, depuis des décennies que l'industrie colle sur ses emballages des étiquettes où figurent nocivités, dosages et modes d'emploi, on nous apprend qu'en fait, personne ne les a jamais lus. Pour preuve, ces recommandations pour la lutte raisonnée :
Raisonnement des traitements
- Lire attentivement l’étiquette du produit
- Utiliser des produits homologués pour l’usage considéré
- Ne pas dépasser la dose homologuée
- Les mélanges sont interdits (risques chimiques avérés ou inconnus)
- Eviter les traitements systématiques ne tenant compte ni du stade d’application, ou de la pression des organismes nuisibles, ou des conditions météorologiques.
- Raisonner le traitement en identifiant la nature du problème,
- Penser à l’agriculture intégrée alliant lutte chimique et auxiliaires biologiques
- En début de campagne, vérifier le bon fonctionnement du pulvérisateur (fuites, état des buses, des tuyaux…)
- Ajuster la quantité de bouillie à la superficie à traiter et à la dose homologuée
- Remplir le pulvérisateur loin des points d’eau (cours d’eau, mare, puits, forage ...)
- Ne pas traiter par grand vent ou si des pluies sont prévues
- Ne pas traiter à proximité de points d’eau (rivières, fossés, puits, forages ...)
- Ne jamais vidanger le fond de cuve ou les eaux de rinçage dans un cours d’eau, un fossé, un étang, sur la route, dans la cours de ferme, dans un puits, dans les égouts.
- Les emballages bien rincés doivent être mis en déchetterie ou dans les ordures ménagères.
Smith Haut Lafitte bientôt en biodynamie ?
" La lutte raisonnée n'est pas une mode, c'est une prise de conscience" entend t-on ici et là.
Une prise de conscience d'ouverture économique ? Que penser de Smith Haut Lafitte qui s'immisce dans le groupe des biodynamistes lors de Vinexpo dernier ? (Lors de Vinexpo il est de coutume d'organiser des dégustations en dehors de l'exposition. Les biodynamistes avaient choisi de présenter leurs vins au château Smith Haut Lafitte mais curieusement les vins du château participaient à la dégustation bio !). Remarquez, que penser des biodynamistes qui tiennent leur réunion à Smith ? Est-ce que Arlette Laguiller tiendrait ses séminaires chez le Baron de Paris ? Est-ce que Slowfood tiendrait ses réunions chez MacDo ?
Des outils pour une conduite raisonnée de la lutte contre les parasites
La lutte raisonnée (sans majuscule) dans son application se détache de la viticulture de masse. Elle s'applique différemment, suivant les propriétés, parcelle par parcelle. C'est une réflexion individualiste et non plus collective.
Pour cela, il a fallu posséder de nouveaux outils de connaissances et se préparer à réfléchir autrement, déchirer le vieux calendrier des traitements et s'aiguiser l'oeil à l'observation.
Une observation précise et triple : celle du stade d'évolution végétatif de la plante ; celle du stade d'évolution du ou des agresseurs potentiels ; et celle des événements situés en amont, (les données climatiques pendant les mois précédents, et le comportement parasitaire l'année précédente sur la même parcelle).
Le jeu consiste alors à deviner, anticiper ce qu'il devrait se produire. Soit il ne se passera rien de dangereux pour la future récolte, auquel cas voilà déjà un traitement de moins, soit l'évolution peut effectivement compromettre la récolte, auquel cas un traitement à ce stade peu avancé permet de réduire très nettement l'importance du traitement.
Précision et Recueil des Informations Météorologiques
La récolte de données météorologiques précises, parcelle par parcelle, est l'atout majeur, capital, d'une lutte raisonnée .
Température, pluviométrie, hygrométrie ou humectation, permettent de définir les conditions du milieu. Ces conditions gouvernent l'évolution de la plante mais aussi de ses prédateurs. En effet, le métabolisme de la plante ou celui des parasites est régi par des facteurs simples comme la somme des températures, le nombre d'heures d'ensoleillement ou l'humidité ambiante.
Interprétations
Pour les attaques les plus courantes, des modèles d'évolution de la "pression parasitaire" ont été réalisés. Le vigneron doit comparer ses données à celles du modèle pour faire une lecture du degré de risque que sa parcelle encoure. Pour plus de fiabilité dans l'interprétation des résultats, il est nécessaire d'affiner le modèle en prenant en compte le particularisme régional. Aussi, ce recalage régional des modèles est permis par l'échange d'informations entre viticulteur, souvent centralisé par un laboratoire, une cave ou un syndicat.
Parasites courants :
Acariens et araignées rouges
La nocivité des attaques d'acariens dépend essentiellement de la vigueur de la vigne. Or, le métabolisme végétatif de la vigne ne s'enclenche pas en dessous de 10 °C.
En cumulant la fraction des températures excédant 10°C le vigneron obtient une information sur le développement de la vigne : si cette somme est importante, la vigne se développe beaucoup et les acariens présentent très peu de risques ;en revanche, si cette somme est faible, la vigne se développe peu et peut être extrêmement perturbée par la présence des acariens.
Papillons
Des pièges sont installés dans les vignes. Sachant qu'il faut un certain cumul de températures jour après jour pour atteindre la population maximale de papillons, le vigneron commence à compter les papillons dans les pièges seulement lorsque la somme des températures spécifiques est atteinte. Il a alors un indice de la population maximale du vol et le potentiel de risque.
Botrytis
Serge Strizyck a mis au point un modèle connu sous le nom d'EPI. Ce modèle, exprimé selon un indice, est calculé en fonction de la température, l'humectation des feuilles et le stade végétatif de la vigne, depuis le débourrement jusqu'au vendanges.
Suivant le stade de développement de la vigne, l'indice d'alarme EPI est différent et guide les choix vers des traitements inutiles, préventifs ou curatifs.
Mildiou
Les risques d'attaque du Mildiou ont été modélisés par Müller et Kast.
Le principe tient compte de la somme des températures journalières supérieurs à 8°C et considère que le Mildiou produira ses premières attaques après une somme atteinte de 170°C, une température de 11°C, plus de 10mm de pluie et une humectation longue de plusieurs heures sur la journée.
L'Oidium
Kast a également mis au point un modèle pour Oïdium qui prend en compte les antécédents de la parcelle.
En effet ce modèle considère les attaques Oïdium de l'année précédente ainsi que la moyenne des températures basses de l'hiver. Le modèle calcule alors, en fonction de la température, de l'humidité et du temps d'humectation, un indice de risques faible ou important.
Le Black-Rot
Le Black-Rot est, dans son comportement climatique, un champignon semblable au mildiou.
Celui-ci commence à se développer à partir de températures supérieurs à 8°C et les oeufs éclosent lorsque la somme des fractions de températures supérieures à 8°C atteint 150°C.
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Fabian Barnes
In Vino Veritas
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Mots-clés lutte raisonnée , agriculture , in Vino Veritas , barnes (Fabian)
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